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La Musée

11.05.2020 - 11.07.2020

Aujourd’hui encore, les collections des musées sont constituées plus de 80% d’artistes masculins contre moins de 20% d’artistes féminins. L’idée principale de cette exposition est d’inverser ce constat en respectant les mêmes proportions, soit 80% d’artistes femmes, confirmées ou émergentes, aux côtés de 20% d’hommes artistes. 

Le choix d’un rapport numérique proportionnellement inversé présente ici un renversement du rapport habituel hommes / femmes dans le monde de l’art actuel. Que ce soit en galeries privées ou dans les musées, la parité entre ces deux genres n'est pas respectée. Elle évolue cependant, quoique lentement, depuis les premières actions des Guerilla Girls aux États-Unis à la fin des années 80.

 

En imaginant le parcours de visite d’un musée d’art contemporain plausible et ordinaire, « La Musée » opte pour une narration lissée et formaliste. La pluralité des techniques et des approches est soulignée de manière naïve, sans prise de risque apparente. C’est une façon, ironiquement illustrée, de ne pas poser les bonnes questions. L’enjeu anthropologique est camouflé derrière une politique de parité. Ainsi, par la mise en scène sous la forme fictive d’une exposition permanente, la teneur sémantique des codes muséaux s’en trouve interrogée. 

 

Avec : Sylvie Auvray, Joseph Beuys, Anne Deguelle, Helen Frankenthaler, Francesca Grilli, Ghazel, Sofie Muller, Lulu Nuti, Vera Röhm, Nina Roos, Kiki Smith, Hema Upadhyay, Joana Vasconcelos et Xavier Veilhan. 

 

Commissaire : Azad Asifovich

 

#lamusée

#galerieitalienne

 

 

 

Photos : © Paul Nicoué - Galerie Italienne

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Anne Deguelle, Diary, 2014-2020

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Vera Röhm, Quadrat, 1997

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Sofie Muller, AL/LII/17 , 2017

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Sofie Muller, AL/XLII/17  , 2017

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Hema Upadhyay, Killing Site IV, 2008

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Helen Frankenthaler, Thanksgiving day, 1973

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Nina Roos, Not Yet Said, Not Yet Done II, 2007 - 2008

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Nina Roos, Not Yet Said, Not Yet Done IV, 2007 - 2008

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Nina Roos, Not Yet Said, Not Yet Done I, 2007 - 2008

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Ghazel, Dyslexia, 2015

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Xavier Veilhan, Lithophanie n°13 (Nuages), 2011

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Kiki Smith, Sphynx, 2004

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Joseph Beuys, Non puttane, non madonne, solo donne, 1979

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Kiki Smith, Alice II, 2005

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Lulù Nuti, Orizzonti, 2020 

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Sylvie Auvray, Sans Titre, 2012

Sylvie Auvray, Sans Titre, 2012

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Ghazel, Me, 2000 - 2003

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Francesca Grilli, Gliese 581 g, o, 2015

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Francesca Grilli, Oro, 2011

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Hema Upadhyay, Untitled, 2011

« La Musée » est une carte blanche confiée au commissaire d’exposition Azad Asifovich, en dialogue avec la Galerie Italienne, Paris.

Il s’agit d’un in situ questionnant le rapport de l’institution muséale à son statut. 

Sur le mode d’une exposition pragmatique, inspirée par la méthode théorisée par Chantal Pontbriand, le projet est né d’une volonté de mettre à l’honneur des artistes italiennes. Puis, prenant en compte la dimension cosmopolite des différents parcours des artistes, la proposition a évolué vers une représentation plus large au delà des frontières géopolitiques. 

Le choix d’un rapport numérique proportionnellement inversé présente ici un renversement du rapport habituel hommes / femmes dans le monde de l’art actuel. Que ce soit en galeries privées ou dans les musées, la parité entre ces deux genres n'est pas respectée . Elle évolue cependant, quoique lentement, depuis les premières actions des Guerilla Girls aux États-Unis à la fin des années 80.

Comme l’affirme Camille Morineau, c’est un « écosystème » qui maintient le problème*. En cause : une culture où les valeurs artistiques traditionnelles sont attribuées aux hommes, et dont les modèles sont aussi majoritairement des hommes. 

L’inconscient collectif doit être interrogé, mais également les acteurs ciblés du marché de l’art, et leurs rapports mutuels. 

En imaginant le parcours de visite d’un musée d’art contemporain plausible et ordinaire, « La Musée » opte pour une narration lissée et formaliste. La pluralité des techniques et des approches est soulignée de manière naïve, sans prise de risque apparente. C’est une façon, ironiquement illustrée, de ne pas poser les bonnes questions. L’enjeu anthropologique est camouflé derrière une politique de parité sans engagement théorique. Ainsi, par la mise en scène sous la forme fictive d’une exposition permanente, la teneur sémantique des codes muséaux s’en trouve interrogée. 

Le musée correspond en grec ancien au lieu d’habitat consacré des Muses. Il rend honneur aux personnifications des Arts, spirituelles et invisibles. Traditionnellement sacralisée et prestigieuse, l’institution muséale instaure un panthéon d’artistes ayant atteint une reconnaissance suffisante lors d’une carrière préalable. Mais, paradoxalement, le musée moderne se veut populaire et accessible. À la fin du XVIIe siècle et tout au long du XVIIIe en Europe, des musées publics ouvrent afin de donner aux citoyens un accès au Beau, jusque là réservé aux élites. L’objectif est alors revendiqué de mettre au service des Nations la notion de « bon goût » : de sorte que les Beaux- Arts s’en imprègnent et que la Vertu inspirée par la Beauté règne sur les peuples. 

« La » galerie se faisant « musée » s’auto-critique comme porteuse à son tour du mythe muséal. Des recherches sociologiques ont montré que l’orientation des femmes en fin de cycle d’études artistiques les poussent à abandonner leurs ambitions de plasticiennes : par une sélectivité accrue pour elles, et des propositions de prix de vente moins avantageuses.** 

Les femmes ne subissent pas passivement l’inégalité, mais nos systèmes de valeurs font qu’elles sont activement détournées du monde de l’art : écartées par des choix rationnels sur le plan économique. Or, le premier contact des jeunes artistes au monde de l’art sont les galeries, qui jouent donc un rôle clé dans ces déterminations inégalitaires. 

Si le concept de l’exposition vise une portée féministe, son contenu se présente comme une simple œillade sur la scène contemporaine, via le réseau et le regard des organisateur-rices. 

Azad Asifovich 

 

* Payen Sophie, « Quelle place les femmes occupent-elles dans l’art ? Entretien entre Sophie Payen et Camille Morineau », Mixité des Signes, Formes et Gestes, 21 juillet 2017, aaar.fr.


** Danner Magali et Galodé Gilles, « L’insertion des femmes artistes : Entre obstacles culturels et choix rationnels », Formation emploi. Revue française de sciences sociales, 1 octobre 2008, no 104, p. 37-52.

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